JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES : António Guterres : "La discrimination que subissent les femmes dans le domaine de la science et de la technologie est le résultat de siècles de patriarcat, d’inégalités et de stéréotypes néfastes"
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8 mars 2023
À travers le monde, les droits des femmes régressent sous nos yeux. Selon les dernières prévisions, au rythme actuel, il faudra encore 300 ans pour atteindre la pleine égalité des genres.
Aujourd’hui, les femmes et les filles sont les premières et les plus durement touchées par les crises qui s’enchaînent, de la guerre en Ukraine à l’urgence climatique. Sur fond de recul mondial de la démocratie, les droits des femmes de disposer de leur corps et d’avoir le contrôle de leur vie sont remis en question et bafoués.
Deux statistiques témoignent très clairement de notre échec.
D’une part, toutes les dix minutes, une femme ou une fille est assassinée par un membre de sa famille ou un partenaire intime.
D’autre part, toutes les deux minutes, une femme meurt pendant la grossesse ou l’accouchement. La plupart de ces décès pourraient parfaitement être évités.
En cette journée internationale des femmes, nous devons nous engager à faire mieux. Nous devons inverser ces terribles tendances et lutter afin depréserver la vie et les droits des femmes et des filles partout dans le monde.
C’est l’une de mes principales priorités et un élément central du travail de l’Organisation des Nations Unies dans le monde entier.
Du Soudan du Sud au Myanmar, nous soutenons les femmes et les filles dans les situations de crise et veillons à ce que leurs voix soient entendues dans les processus de paix.
La Vice-Secrétaire générale, Amina Mohammed, s’est récemment rendue en Afghanistan avec un message pour les autorités : les femmes et les filles ont des droits humains fondamentaux et nous ne cesserons jamais deles défendre.
Cette année, la Journée internationale des femmes a pour thème principal la réduction des disparités entre femmes et hommes dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation. À l’échelle mondiale, les hommes ont 21 % de chances de plus que les femmes d’être en ligne – un écart qui dépasse 50 % dans les pays à faible revenu.
Mais même les pays les plus riches paient le prix des stéréotypes liés au genre et des préjugés hérités du passé. Dans le secteur des technologies, les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes. Dans le domaine de l’intelligence artificielle, la proportion s’élève à cinq contre une.
Les big data sont devenues un bien précieux et un élément essentiel à la prise des décisions politiques et économiques. Mais elles prennent rarement en compte les différences entre les genres – voire le genre féminin tout court.
Nous devrions tous être alarmés par le fait que des produits et services intègrent, dès leur conception, la marque de l’inégalité entre les genres et font entrer le patriarcat et la misogynie dans la sphère numérique. Les Silicon Valleys de ce monde ne doivent pas se transformer en vallées de la mort pour les droits des femmes.
Les décisions médicales fondées sur des données relatives au corps masculin peuvent être dangereuses lorsqu’elles s’appliquent à une femme. Pire, elles peuvent être mortelles.
La discrimination que subissent les femmes dans le domaine de la science et de la technologie est le résultat de siècles de patriarcat, d’inégalités et de stéréotypes néfastes. Les femmes ne représentent que 3 % des personnes récompensées par un prix Nobel dans les catégories scientifiques depuis 1901. Par ailleurs, les femmes en ligne,notamment les scientifiques et les journalistes, sont souvent la cible de discours haineux et d’agressions sexistes qui visent à les dénigrer et à les réduire au silence.